martes, 27 de enero de 2009

Utopia, ma révélation : Leo Bassi

Alors évidemment je vais de nouveau passer pour une inculte aux yeux des plus branchés de mes lecteurs, en faisant part de ma dernière découverte et de mon dernier émerveillement...
Tant pis ! Je me lance : il y a quelques jours, je suis tombée sous le charme de Leo Bassi.


Là j'entends déjà les voix des blasés et autres intellos de gauche :
- hAn, l'aut', elle connaît pas Leo Bassi ! Elle sort d'où ?

Pire encore, si je me mets à dire que j'ai adoré Utopia à des Espagnols qui connaissent les spectacles précédents de ce clown anarcho-laïciste et empêcheur de penser droit :
-Como ? Le ha gustado esta obra superfloja... y eso que el Bassi ya no es el que era...

Pour les gens qui comme moi ne connaissent pas Leo Bassi, sachez qu'il est un artiste circassien (un clown pour faire plus clair) et fait partie de ce qu'on appelle "les artistes engagés" (donc de gauche). Bref, Leo Bassi est un clown politique qui présente ses critiques acerbes et drôles sur les scènes du monde entier. En France on l'a vu au Festival d'Aurillac notamment.

Un clown agitateur de pensées
Depuis des années, cet italien, fils, petit-fils, petit-petit fils d'artistes du cirque joue de l'humour pour passer un message, à moins que ce ne soit l'inverse et qu'il ne parle de politique et de concepts philosophiques pour déclencher l'hilarité ?

En tous cas, il titille, agace, appuie la où ça fait mal. Et toujours avec des grands gestes extravagants. Il dénonce les injustices et les incohérences du monde capitaliste, exècre les mous et les tièdes mais aussi l'hypocrisie de l'Eglise catholique. Il pousse la provocation à son paroxysme, allant jusqu'à manger des excréments à la télé ou à en balancer sur son auditoire.

Il dérange visiblement et allègrement.

Lancé en 2005, son spectacle La révélation va encore plus loin. Le spectacle traite alors entre autres des dérives des 3 religions monothéistes (christianisme, islamisme, judaïsme mais aussi sectes et autres églises évangélistes). Voir une page en français présentant le spectacle

Petit extrait : Nous vivons un énorme paradoxe. Jamais nous n'avons eu autant recours à la technologie, jamais la science n'est allée si loin mais pour autant cela faisait bien longtemps qu'on ne s'était pas tourné vers la pensée obscurantiste des sectes (scientologie, etc.), des fondamentalismes et des différents ésotérismes avec tant de force.

Le ton passe mal auprès des Catholiques d'Espagne dont la frange extrémiste franquiste tente de faire taire le bouffon : il reçoit insultes et menaces de mort.

Le 1e mars 2006, une bombe artisanale est déposée avant la représentation de la révélation, dans la salle du théâtre de l'Alfil à Madrid. Les forces de police arrivent sur les lieux, le spectacle est annulé, mais Bassi improvise une déclaration à la presse, disant qu'il ne renoncera pas. D'autres représentations sont annulées à la même époque dans le reste du pays, en raison des protestations des autorités religieuses ou de menaces d'attentat.

Leo Bassi a peut-être été choqué autant qu'il a choqué, mais il n'en montre rien. Au contraire, même s'il a été forcé de prendre des gardes du corps, il continue de manier les mots et l'humour féroce.

Dans son dernier spectacle Utopia (page en espagnol), Bassi nous parle de la crise, de la chute du système libéralo-capitaliste mais aussi des valeurs humanistes, d'Aznar et d'homosexualité. Il endosse le costume du clown blanc pour critiquer le relativisme ambiant et jeter des ponts entre le cirque et la politique, entre la salle et la rue, la scène et la réalité.

Il paraît qu'il s'est calmé, assagi, que ses éclats n'ont plus rien à voir avec ceux du passé, qui ont provoqué l'ire des fascistes. Les critiques le voient "moins clown et plus métaphysique" (article de El Pais en espagnol).
Il ne balance plus d'excréments mais des confettis ! Il n'empêche, on passe du rire aux larmes, du désespoir à la révolte et à l'envie de changer le monde. Par la révolution, pas la violente, celle qui passe par chacun de nous, celle de l'humanité et du rire.

Leo Bassi revient au théâtre Alfil avec Utopia pendant tout le mois de février.

Pour les hispanophones, je vous conseille de jeter un œil au blog de Leo Bassi, qui retrace jour après jour les aventures de ce clown bouleversant et invite au débat sur l'actualité artistique, sociale et politique...

2 comentarios:

Jean-Baptiste dijo...

J'ai perdu la citation de Bassi. C'était pas un truc du genre:
"La gauche est prête à mourir pour ses idées, ça tombe bien, la droite est prête à tuer pour les siennes"
?
C'est pourtant un truc dont il faudrait se souvenir, en ces temps de manifestations contre le gouvernement...

Anónimo dijo...

Oui, Jean-Baptiste, merci de le rappeler, c'était presque ça.

"la droite est prête à tuer pour ses idées, la gauche à mourir pour les siennes, d'où leurs relations..."

ça peut paraître facile, mais quand on sait que Bassi a fait l'objet de menaces de mort et de tentative d'attentat en raison même de ses prises de positions, ça prend une toute autre légitimité.

Engagez-vous, qu'ils disaient !