miércoles, 27 de mayo de 2009

La feria del libro Madrid 2009

Ouahou ! Je m'exclame toute seule dans mon for intérieur personnel!
La feria de libro, la foire du livre de Madrid, j'en ai déjà parlé en 2008 : c'est le 1e sujet qui revient sur la migration... j'en suis pantoise !




Mon marronnier a une feuille !
ça fait déjà un an dis donc... *Soupir*... La feria del libro serait donc mon marronnier ! Le marronnier, d'habitude avouons-le, dans la presse, c'est plutôt synonyme de rasoir... Le fameux article qu'on sait qu'on va retrouver tous les ans à la même date dans les journaux, les sujets auxquels on échappe pas : soldes en janvier, festival de Cannes en mai, rentrée en septembre, vacances en été, noël au balcon et Pâques aux tisons !

Et bien pour une fois moi, ça m'émeut un brin cette ritournelle... parce que ça veut dire que ça va faire un an que la cigogne raconte ses pérégrinations madrilènes !

Mais bref, loin de moi l'idée de faire de ce blog un clip en direct de mon nombril, recentrons nous un peu sur le sujet : la feria del libro donc.

Des arbres et des livres
La feria del libro se tient du 29 mai au 14 juin dans le Parc du Retiro.
Comme je le précisais l'an dernier, c'est certainement ce qui fait le charme et l'originalité de cet événement littéraire : c'est tout de même plus sympa d'être sous les frondaisons, en une saison où le parc est fleuri et les températures agréables, qu'en train de se faire bousculer dans les allées bondées des foires habituelles sous des néons blafards. Sauf qu'à la différence de l'an dernier, cette fois-ci on devrait vraiment en profiter, car la météo pourrie de 2008 n'a pas l'air d'être au programme : on approche les 30° ce week-end !

2009 : Sempé et Darwin au firmament
On va donc pouvoir découvrir les nouveautés des éditeurs espagnols, rencontrer des auteurs, discuter littérature ou simplement prendre un verre d'un air inspiré, en flânant de stands en stands dans le retiro.

Le thème central du salon cette année étant la culture française, les événements de cette quinzaine mettent les artistes français et francophones à l'honneur, aux côtés de Darwin et de l'astronomie, actualité oblige.

Morceaux choisis parmi les nombreuses manifestations au programme
  • La Communauté de Madrid propose une exposition dédiée à Sempé, car le Petit Nicolas fête ses 50 ans !
  • L'Ayuntamiento de Madrid organise quant à lui tous les soirs des ateliers lectures autour du café littéraire et le 14 juin un concours de nouvelles de 13 à 14h.
  • Le 29 mai à l'espace Carmen Carmin Gaite, présentation du livre Mi Túnez de Claudia Cardinale. En présence de l'actrice Claudia Cardinale.
  • Paseando con Le Clézio : le 30 mai de 10:30 à 14:30 h - Universités publiques madrilènes et UNED - Récits et des images autour de la vie du Prix nobel de littérature. Lectures, représentations et projection.
  • Le 4 juin de 18:30 à 19:30 h - à la Fondation CÍRCULO DE LECTORES : journée sur le livre digital, table ronde autour de l'e-book.
Feria del Libro - du 29 mai au 14 juin, du lundi au vendredi de 11h à 14h et de 18h à 21h30
samedi, dimanche et jours fériés (le 11 juin donc) de 10h30 à 14h30 et de 17h à 21h30
Parc du Retiro, metro Príncipe de Vergara (Líneas 2 y 9), Retiro (L2) o Ibiza (L9)

Le programme complet, la liste et les emplacements des pavillons, les horaires et toutes les infos sur le (beau) site de la feria del libro : www.ferialibromadrid.com

lunes, 18 de mayo de 2009

Y a que les imbéciles... sur Twitter ?


Souvenez-vous...

Il y a quelques mois, dans un pamphlet intitulé " twitter, on a touché le fond", je disais en substance que twitter était le symbole, voire le symptôme d'une société malade d'un nombrilisme creux et débilisant.

Je twitte donc j'existe !
Critiquant ce big-brother volontaire, je vouais aux gémonies les exhibitionnistes qui ne trouvaient rien de mieux à faire pour combler le vide de leur existence que de décrire sa platitude en 140 caractères auprès de leur réseau...

Bien bien bien, voilà voilà voilà, comme disait ma prof de grec en début de chaque cours...
6 mois plus tard... voilà Paquerette sur twitter...

Il n'y a que les imbéciles... qui ne changent pas d'avis !!
Ahem... le rouge aux joues et le clavier sous les mains, je présente mon mea-culpa : depuis cet article, j'ai découvert un peu les fonctionnalités de ce réseau social, et même si je garde des réserves, je pense que je me suis un peu emballée en jugeant une partie des utilisateurs de twitter pour le tout.

Savoir en faire (bon) usage
Bien que je n'utilise qu'une part infime de ses possibilités, je me suis aperçue que Twitter pouvait avoir un intérêt, pour échanger, diffuser une info au-delà de son réseau habituel et trouver une info différente car plus courte, plus synthétique et, qui plus est, immédiate et ciblée car choisie par quelqu'un que vous ne connaissez peut-être pas mais qui partage éventuellement quelques intérêts avec vous. En bref : partager, au bon sens du web2.0 !

Exemple d'une info (fondamentale) que j'aurais raté sans blogal sur twitter : le bidet, secret de l'élégance française. ou, pour les Madrilènes : testez vos connaissances de Madrid (merci à esmadriz).

Donc : inutile de me suivre si vous voulez savoir ce que j'ai mangé au petit-déjeuner, vous ne le saurez pas, mais en revanche, si vous avez un profil twitter et que vous êtes intéressé par l'Espagne, Madrid, l'actualité espagnole et française, Moriarty ou le web2.0, il y a quelques chances qu'on ait des choses à s'apprendre, à se dire, un bon plan ou un coup de gueule à faire passer...

Alors "qui c'est qui me suit" ?

viernes, 15 de mayo de 2009

Marseillaise versus marche royale: l'hymne espagnol sifflé et censuré


La finale de la Copa del Rey (coupe du roi) de football ce mercredi 13 mai, a mis sur le devant de la scène un sujet que j'avais eu envie de traiter ici, et a apporté un élément de réponse aux questions que je me posais sur l'hymne national espagnol.

Vous vous souvenez peut-être, le 11 mars, me rendant à mon bureau, je traversais la place de la Puerta del Sol et été témoin de la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat d'Atocha, à laquelle assistait Esperanza Aguirre. Ce dont je n'ai pas parlé dans mon post à ce sujet, c'est de la bande sonore d'une telle cérémonie : le requiem de Mozart suivi de l'hymne espagnol.

Tandis que je passais sous le regard de "la Espe", sur la Puerta del Sol s'élevaient les notes de ce marche, ce morceau de musique classique, sans parole, appelée "la marcha real" ou "la marcha granadera". Tous s'étaient figés et j'avais limite dû marcher sur les pieds d'un militaire au garde-à-vous, pour passer.

Toute la journée qui a suivi, je me suis surprise à fredonner cet air "Papa papa papapapapa pa..." (en écoute sur wikipedia c'est ptet plus parlant). Vous m'imaginez en train de fredonner la marseillaise ? Ben moi non, rien que d'y penser j'en ai des frissons.

La marseillaise, un hymne national qui cristallise les passions
Je ne me vois pas siffloter gaiement la marseillaise, d'abord parce que c'est un air sanguinaire et archaïque dans lequel je ne me reconnais pas, ensuite parce que, bien qu'un brin chauvine quand il s'agit de défendre le camembert au lait cru, le champagne (bien meilleur que le cava, toutes mes confuses à mes amis catalans), les médias, la richesse du patrimoine culturel, historique, gastronomique, et j'en passe et des meilleurs ;o) de la France, je rejette assez en bloc les symboles susceptibles de fleurer le nationalisme.

Mais là c'est pas pareil, l'hymne espagnol est muet, c'est une marche militaire, de la musique classique, martiale certes, mais mélodique.

La musique (sans paroles) adoucit les mœurs
Et je me suis demandé ce que pouvaient ressentir les Espagnols à entendre leur hymne, s'ils avaient ce même rejet potentiel de ce symbole de la nation. Peut-on totalement détester des accords de musique classique, qui n'incitent pas à la haine contre de supposés ennemis héréditaires ?

J'ai bien sûr posé la question à mon spécialiste es-Espagne et société espagnole personnel.
Je traduirai un jour dans ce blog en espagnol, les paroles de la marseillaise qui n'ont pas manqué de faire leur effet. Le bon goût français se pose là... Mais lorsque je lui parlais des sifflets et de la mauvaise relation qu'ont beaucoup de Français avec leur hymne, il n'a trouvé comme exemple de défiance que les couplets de l'hymne espagnol dans leur version enfantine. Rien de bien méchant !

A la recherche de la lettre perdue

Après quelques recherches, j'ai découvert que différentes "letras", paroles, avaient été ajoutées au long de l'histoire, qui portent les stigmates de leur époque. Récemment encore, dans une volonté de donner un sentiment d'unité plus fort aux Espagnols en leur donnant la possibilité d'entonner leur hymne (notamment aux sportifs, qui ne peuvent que l'écouter en silence lors des compétitions sportives), le comité olympique espagnol a lancé un concours pour donner des paroles à l'hymne. Sans succès : les propositions furent écartées (voir article sur rue89).

Hymne et identité nationale
La relation qu'on a avec son hymne, symbole national, ne vient évidemment pas seulement d'un problème de paroles, mais bien plutôt de son histoire et de la relation que chaque personne a avec l'Etat-nation auquel il appartient.

Défiance en France...
On ne peut que comprendre la réaction de djeunes (de banlieues ou non), issus de l'immigration ou simplement en rébellion contre le symbole d'un Etat national qui ne les traite que par la peur ou le mépris, contre la Marseillaise.

Symptôme plutôt que solution, une commission ad-hoc, créée après les derniers incidents dans des stades, s'apprêtait il y a quelques semaines à créer un délit pour sanctionner de 15000€ d'amende et d'une peine de prison ceux qui auraient sifflé ou conspué la Marseillaise.

Et en Espagne ?

Depuis que je vis en Espagne, il ne m'avait pas semblé noter une telle défiance envers l'hymne national.

... Jusqu'à cette semaine et la finale de la Copa del Rey. Voilà que tout à coup, j'apprends que l'hymne a été sifflé avant le match qui opposait le FC Barça à l'Athleti Bilbao (voir article du monde à ce sujet) et cette séquence de sifflets censurée par la télévision nationale espagnole (TVE).

Dans le stade se sont retrouvés face à face parmi les supporters des 2 équipes, les nationalistes en rouge et blanc (Bilbao) et nationalistes blaugrana (Barcelone) qui, pour certains, à part leur amour du foot, n'ont en commun que la haine de la monarchie et le rejet des symboles du pouvoir central espagnol.

Au moment où a résonné la marche royale, c'est le stade entier, à quelques exceptions près, qui s'est mis à vibrer de sifflets. Le responsable des programmes sportifs de la TVE a décidé de faire un décrochage en région pour ne pas diffuser ce moment à l'Espagne entière devant son poste. Accusé de censure, a été limôgé dans les jours qui ont suivi.

Alors, on siffle autant la Marseillaise que la Marcha Real ?
Que cette décision fasse débat, c'est certain. Fallait-il ou non retransmettre ce moment de liesse collective dirigé contre l'Etat espagnol ? Faire entendre cette réalité ou la masquer ? Il semble que les réactions ont été nettement en faveur de la faire entendre et la TVE a tranché.

Pourtant, je reste assez certaine que les Espagnols en général n'entretiennent pas de relation conflictuelle avec leur hymne : les sifflets de la Copa del Rey différent des sifflets français, ils traduisent plus les relations conflictuelles que 2 régions à l'histoire et à l'identité affirmée entretiennent avec le pouvoir central espagnol, qu'un malaise des Espagnols vis-à-vis d'un symbole national. Pour les Espagnols qui ne sont pas de ces régions, il me semble que c'est encore un consensus ou une relative indifférence qui fait loi.

Amis Espagnols, Catalans, Basques ou Castillans : qu'en pensez-vous ?

PS : au fait, le Barça a gagné ;o)
Plus d'infos : Article de Libération ; article sur les sifflets contre la marseillaise sur rue89

miércoles, 13 de mayo de 2009

Noche de los museos, Madrid 16 de mayo 09


La Noche de los Museos se celebra este año en toda Europa el 16 de mayo.

Iniciativa nacida en Francia (sorry ;o) pero extendida a otros países, la noche de los museos está patrocinada por el Consejo de Europa y este año por la Unesco.

Mas de 2000 museos de España, Francia, Polonia, Alemania, Italia, Rusia, Portugal, Austria... abren sus puertas fuera de los horarios habituales y proponen actividades excepcionales para acercar sus colecciones a un mayor número de visitantes.


La Noche de los Museos en Madrid
Como no encontré casi nada sobre este evento en los medios españoles o en la web española, tenéis aquí la información que encontré en varias webs sobre los principales museos que participan en Madrid.

Programa de los museos madrileños que abren el sábado hasta la 1 de la madrugada de manera gratuita:

MUSEO DEL PRADO

18:00 - 24:00 Entrada gratuita

C/ Ruiz de Alarcón 23
28014 Madrid
Teléfono: 913 302 900


MUSEO THYSSEN-BORNEMISZA

Exposición La sombra
Proyección de la película de Woody Allen Sombras y Niebla , 1951

Paseo del Prado 8
28014 Madrid
Teléfono: 913 690 151

MUSEO SOROLLA

Visita del museo y proyección


21h: Proyección de la película "Cartas de Sorolla".

Paseo General Martinez Campos 37
28010 Madrid


MUSEO ARQUEOLOGICO NACIONAL
En Madrid es el museo que presenta más eventos:

20:00 - 21:00
Concierto de órgano y danzas renacentistas

21:00 - 23:00 Pregúntame : tesoro a tesoro

21:00 - 23:00 La Historia contada por sus protagonistas

21:00 - 01:00 Animaciones en el jardín del museo

Calle Serrano 13
28001 Madrid


MUSEO NACIONAL DE ANTROPOLOGIA (ALFONSO XII)

20:30 - 24:00 Capoeïra

Alfonso XII 68
28014 Madrid

MUSEO NACIONAL DE ARTES DECORATIVAS


20:00 - 01:00 De viaje por el museo


Montalbán 12
28014 Madrid


MUSEO DEL TRAJE

19:00 - 24:00
Caleidoscopio. Historia de los colores a través del traje
Visitas guiadas para descubrir la historia de los pigmentos y tintes empleados para colorear los tejidos, y conocer los significados ocultos que encierran.

Avenida Juan de Herrera 2
28040 Madrid

Domingo 17 de mayo es el Día Internacional del Museo 2009.

- El Prado propone también acceso gratuito y una conferencia especial: 'Visitantes distinguidos. El Museo del Prado y el público antes del siglo XXI'. Los niños serán obsequiados con un pase familiar para visitar el Prado gratuitamente otro día.

Visitas guiadas en los museos siguientes, entre otros:
Mas información sobre el Día del museo y programa de las actividades en la pagina web del ministerio de la cultura y de la municipalidad de Madrid.

Crédito fotografía: bigdani

15 de mayo: San Isidro en Madrid

Le 15 mai, Madrid célèbre son saint patron, San Isidro. La San Isidro donne lieu à un jour férié et à de nombreuses festivités, qui cette année s'étaleront du 13 au 17 mai.

Entre autres: défilé de géants (gigantes) et grosses têtes (cabezudos) depuis la Plaza de Oriente jusqu'à la Plaza de la Villa en passant par la Plaza Mayor et la Puerta del Sol, festival d'humour, danse et musique dans les jardins du quartier de las vistillas. Les corridas de la San Isidro sont aussi parmi les plus importantes pour les aficionados de toros.

La tradition de la San Isidro
Présentation des fêtes de la San Isidro 09 en français
Fiestas de San Isidro 09: programa completo en castellano

domingo, 10 de mayo de 2009

Kafka chez les toros : la santé en Espagne


J'ai pas la grippe A mais quand même...

L'été a fait une première apparition cette semaine à Madrid : grand soleil, 29°, que du bonheur ! Enfin ç'aurait pû être que du bonheur, si ces changements de temps un peu brutaux ne m'avaient pas fait choper une crève carabinée... et plonger dans l'enfer administratif une nouvelle fois.

Mercredi impossible de me lever. J'appelle mon patron pour le prévenir, qui me dit gentiment qu'il faut que j'aille chez le médecin. Parce qu'il se préoccupe de ma santé, certes, mais aussi parce qu'il me faut un mot du médecin pour rater le boulot.

Direction le centre de santé
Qu'à cela ne tienne, un peu dans les vapes, je rassemble les papiers qu'il faut présenter pour m'inscrire au dispensaire dont je dépends et obtenir ma carte de santé (Pour ceux qui auraient lu mon article sur l'empadronamiento et la carte de santé de janvier, non, je ne l'avais pas fait jusqu'ici ! Que voulez-vous, mon deuxième prénom c'est "Procrastinación" : j'ai une fâcheuse à remettre au lendemain ce que je peux faire le jour même et depuis janvier, non, je n'ai toujours pas fait faire ma carte, mea culpa!). En théorie, je dois présenter mon certificat d'empadronamiento et un justificatif d'inscription à la sécurité sociale, contre quoi on m'attribuera une carte et un médecin traitant, qui me traitera sans frais.

Les papiers sous le bras, je me mets en route. Le trajet jusqu'au centre de santé en question dure 15 minutes à pied, d'habitude. Là, dans les rues encombrées d'un petit matin madrilène, il me paraît durer le double, mais la pensée qu'un médecin et le sésame pour aller se recoucher sont à la clé m'aide à avancer.

Acte 1, scène 1
... où l'on s'aperçoit de l'importance de rentrer dans les cases

J'arrive au centre de santé. J'ai bien fait de venir tôt, me dis-je : il n'y a que 3 personnes dans la file d'attente et 3 personnes derrière le guichet pour traiter les dossiers, mon tour arrive vite. J'explique à la dame ce qui m'arrive et lui demande, confiante, qu'elle m'inscrive pour qu'on puisse m'attribuer un médecin et qu'il puisse m'ausculter. Je lui tends mon certificat d'empadronamiento et un certificat de contrat de travail, qui prouve que je cotise bien à la sécurité sociale et porte mon numéro d'affiliation.

La tête de la personne derrière le guichet se fait dubitative puis sévère. Elle me demande en examinant le certificat de contrat de travail sous toutes les coutures, ce que c'est que ce papier. Je lui lis le titre du document... elle me regarde d'un air mi-ironique mi-sceptique et me demande si je travaille en Espagne. Même si la question paraît absurde vu qu'elle tient en main la preuve que oui, j'acquiesce docilement et lui dis depuis quand. Elle reprend le papier et me dit "Désolée, Señorita, ça ne va pas, ce n'est pas un papier officiel de la sécurité sociale, mais de l'INEM, et il ne porte pas votre numéro d'affiliation à la sécu..."

Je lui montre d'un doigt tremblant la case où c'est écrit, par dessus le guichet. Elle me répond Oui, mais l'INEM c'est pas la sécurité sociale : le numéro pourrait être éronné, puisqu'il a été tapé par une tierce personne, cette personne pourrait s'être trompée, donc ce n'est pas valable...
Et elle me rend la feuille, qui, soit dit en passant, porte le seing du ministère du travail, dont dépend la sécurité sociale ET l'INEM. Je me sentais déjà pas en forme mais là je sens que je vais pas avoir l'énergie de me battre... je suis fatiguée, j'ai de la fièvre, je veux juste voir un médecin s'il vous plaît... les larmes commencent à couler... La dame se radoucit et me dit qu'elle va me donner un rendez-vous avec un médecin, mais qu'ensuite il faudra que je revienne pour faire mes papiers.

Acte 1, scène 2
... où l'on s'imprègne des couloirs du dispensaire

Elle rentre donc mon nom dans sa machine, puis me donne un papier portant l'heure de mon rendez-vous (9h38) et m'indique le couloir où attendent déjà une dizaine de personnes. Je fais baisser la moyenne d'âge de 30 ans, en m'asseyant sur un des sièges de ce qui m'apparaît comme un mouroir.

Au bout de 20 minutes, un médecin passe la tête par la porte et j'entends mon nom. Je me lève. Mon bonheur est de courte durée : je dois retourner à l'accueil, car il y a une erreur.

Je retourne donc au guichet, attendant du regard que la petite dame veuille bien . On me tape sur l'épaule : c'est un petit vieux furibard, qui attend son tour et ne veut pas que je lui passe devant. Je baragouine comme je peux que je ne veux pas lui prendre sa place mais les autres patients s'en mèlent... je dois faire la queue comme tout le monde ! Je laisse passer ces gens en attendant que la dame de l'accueil me fasse un signe et me donne un autre papier, en m'indiquant cette fois la salle 7.

Je me dirige donc vers un second couloir, en sous-sol cette fois, et attends sous les néons blafards. Dix minutes passent, un autre médecin m'appelle et cette fois c'est la bonne !

Acte 2 - La consultation express
... où l'on comprend que les médecins madrilènes fassent grève pour plus de moyens.


Le médecin me demande mes symptômes, m'ausculte en 10 secondes et en 15 secondes supplémentaires m'imprime l'ordonnance et un justificatif d'absence. Lui arrive très bien à voir mon numéro de sécu sur le papier de l'INEM, comprend pas bien qu'on n'ait pas accepté ce papier officiel, mais il prend 10 secondes de plus pour me dire "Désolé, Señorita, sans carte de santé, je ne peux pas vous donner de "baja", vous mettre en arrêt maladie".
En moins de 5 minutes je suis sortie de la consultation avec un diagnostic : c'est un rhume, et une prescription : du paracétamol !

Acte 3, scène 1
... où l'on découvre que le padron a une date de validité


Je rentre chez moi, en marchant à deux à l'heure sous le soleil qui commence à taper. Une demi-heure plus tard je refais le chemin en sens inverse avec mon certificat portant mon NIE, celui de l'empadronamiento et de la sécurité sociale. Cette fois, il y a plus de queue et j'attends à nouveau 10 minutes debout pour qu'on me donne cette maudite carte de santé.

Une autre employée prend mes papiers, rentre mon NIE dans la machine, en butant sur mes nom (1 seul et pas 2) et prénom (3 au lieu de 2), avant de me regarder gênée pour me dire "... il y a un problème, Señorita, votre certificat d'empadronamiento est expiré". Incrédule, je lui demande comment c'est possible. Elle me dit qu'il date de janvier et que ce papier-là n'est valable que 3 mois. Mon certificat date du 26 janvier, on est le 5 mai... ça fait donc moins de 8 jours ouvrables que le papier n'est plus valable...

Là je me transforme en fontaine, les joues en feu, hoquetante, reniflante, je suis juste épuisée, je viens de faire deux allers-retours et plus de 45 minutes de queue alors que je voudrais être au fond de mon lit pour m'entendre dire ça ! Cette fois, on me prend en pitié. La dame se dit que pour 8 jours, au fond, elle peut bien faire une petite entorse au règlement. Elle entreprend donc de m'établir une carte de santé !

Acte 3, scène 2
... où l'on comprend qu'on n'est pas de taille à lutter contre la machine

Je me crois sauvée, me mouche et sèche mes larmes, qui commençaient à laisser des sillons sur mes joues, quand je vois son visage changer de couleur. Une ombre passe. Elle tourne la tête ennuyée vers sa collègue qui s'est occupé de mon cas ce matin et lui demande si elle a la liste des centres de santé.
Elle regarde 15 fois dans ses papiers, bredouille, elle est super emmerdée, puis lève la tête vers moi et m'annonce avec un ton endeuillé : Señorita, il y a un problème : vous ne dépendez pas de ce centre.

C'est presque à en rire : la rue où j'habite dépend bien de ce centre, mais seulement les numéros de 1 à 17. Le numéro 16, où j'habite, fait partie des numéros 4 à 22, les pairs donc, qui dépendent d'un autre centre, à l'autre bout du quartier. D'où l'erreur de la personne qui m'avait indiqué ce centre la 1e fois.

Acte 4
Cette fois, j'ai même plus la force de pleurer... je ramasse mes papiers, remercie ces dames pour leur patience (elles sont plus emmerdées que moi au final!!) et remonte les pentes du barrio de las letras sous un vrai cagnard, avec mon rhume ridicule et ma tête en chou-fleur.

Evidemment, 30 minutes plus tard, arrivée en sueurs à l'accueil de l'autre centre, la dame de l'accueil ne veut rien entendre : mon certificat est expiré, un point c'est tout. Je dois donc en refaire faire un et revenir et c'est tout.

Fin : Je suis rentrée me coucher, j'ai déclaré forfait.

Moralité : vive la simplicité
Je sais bien que c'est facile de râler en bonne franchute*, de faire mon expat' chiante qui tombe des nues et défaille devant les procédures absurdes d'un pays d'accueil qui porte mal son nom.

Je sais bien que quand on remet toujours au lendemain et qu'en plus on ne lit pas les petits caractères sur les imprimés, après faut pas venir se plaindre que l'administration espagnole est inhumaine, kafkaïenne et liguée contre moi !

Je sais que c'est en partie ma faute, mais tout de même, il y a des fois où on se sent tellement impuissant, pris dans les rouages de la machine, qu'on se prend à rêver d'un peu plus de simplicité et de clarté...

La suite au prochain numéro de Kafka chez les toros !

PS : Pour info, voulant aussi faire dans l'utile et pas seulement dans les lamentations, je viens de chercher sur le site de la mairie de Madrid, une liste ou un mode d'emploi des centres de santé que je pourrais publier, un lien pour faciliter la vie aux potentiels volontaires à l'immigration arrivés sur ce blog.
J'ai pas trouvé... et au bout de 5 minutes, j'ai déclaré forfait.
Encore.
Un peu plus de clarté, je disais !!

*nom dont nous affublent les Espagnols, lorsqu'ils parlent des Français et de leurs défauts : sempiternelles râleries ou complexe de supériorité...

martes, 5 de mayo de 2009

Voyage en Andalousie : Séville

Une fois n'est pas coutume (tiens ça faisait longtemps que je l'avais pas placée celle-là !), aujourd'hui je n'ai rien de passionnant à raconter ! ça tombe bien, je n'ai toujours pas publié les images de mon voyage en Andalousie et elles se passent de commentaires. (enfin presque!)



Séville pour moi, c'est se perdre dans les ruelles du barrio Santa Cruz, déambuler de patios en jardins, depuis la Giralda jusqu'au Guadalquivir, ce fleuve dont le nom fait chanter l'horizon.






Séville, c'est respirer le parfum des orangers en fleurs sous le soleil de printemps







Séville c'est découvrir un bout de l'histoire tumultueuse de l'Andalousie, dans les reliques de la semaine sainte et les milliers d'églises qui s'élèvent aux coins des rues








et tenter d'emporter ce qui pourrait être un peu d'âme andalouse, avec le flamenco