Il y a quelques semaines, comme chaque matin, je traversais Sol, de son vrai nom La puerta del sol, sous le soleil comme il se doit, pour aller au travail.
Mais ce matin-là, il y avait quelque chose de différent ! J'ai traversé la place au son de l'hymne espagnol et sous le regard d'Esperanza Aguirre.
Enfin "sous le regard", je me comprends ! Elle ne me regardait pas moi évidemment, mais elle était au garde à vous, le regard fixe droit devant elle tandis que je passais là...
et je me suis fait plein de réflexions qui elles-même ont amené d'autres réflexions.
1. Qui est Esperanza Aguirre?
C'est dommage qu'elle soit pas Française, tiens, parce que ça me ferait plaisir de voir ce que le Canard Enchaîné ou Stéphane Guillon (sur France Inter, chronique quotidienne d'humeur politique) dirait de ce cadre du Partido Popular (PP), une femme fière, à la bouche pincée et à la peau tirée, qui est à la tête de la communauté de Madrid, où elle s'applique à démanteler les services publics.
Une femme de droite, bien rance, bien conservatrice et libérale mais qui se targue d'être moderne parce que femme en politique, justement (tiens, ça me rappelle quelqu'un).
Tout le monde la connaît pour ses déclarations tonitruantes et sa récente implication dans le feuilleton d'espionnage au sein du parti populaire.
2. Le tailleur bleu d'Esperanza
"On la voit de loin, Esperanza, dans son tailleur bleu vif" me suis-je dit en passant ce matin-là sur la place, alors que résonnait l'hymne espagnol. Et là, de suite, je pile. Comment est-ce possible que MOI, je m'attarde sur ce genre de détails futiles avant même de me demander ce qu'on célèbre ?
Je fustige les journalistes qui déblatèrent sur la couleur du tailleur de Ségolène et je suis tout aussi superficielle qu'eux dans la même situation.
Une femme en politique devrait seulement être jugée pour ses actes, tout comme jamais on ne va parler de la couleur de la cravate d'un homme politique...
Mais c'est vrai, en fait, que ça pète au milieu de ces costumes gris, un bleu roi comme ça !
Et puis, j'ai moins de scrupules parce que cette femme justement, a profité de la journée de la femme pour attaquer le parti socialiste au pouvoir en Espagne (elle est dans l'opposition, on peut la comprendre mais quand même) sur sa politique en faveur du droit à l'avortement. Alors si elle est basse, je vois pas pourquoi je le serais pas...
3 Que faisait-elle là ?
Elle était là pourquoi, alors, Esperanza Aguirre? C'était quoi cette cérémonie ?
Ce jour-là, c'était le 11 mars...
Je suis Française, je ne vis pas en Espagne depuis assez longtemps pour que cette date m'évoque grand chose. Pour un Espagnol évidemment ça aurait fait "schlink" (leur franc serait tombé comme dit mon ami belge).
Le 11 mars 2004 avait lieu l'attentat à la gare d'Atocha à Madrid, par où transitent chaque jour des milliers de madrilènes. Le 11M, comme disent les Espagnols, la dizaine de bombes déposées dans les trains de banlieue a tué près de 200 personnes et blessé 1400 autres.
Chaque 11 mars, on commémore le drame. Aguirre était venue, en compagnie du maire de Madrid, Gallardon (du PP aussi), déposer une couronne en hommage aux victimes, devant la plaque commémorative de la mairie.
Je ne rentrerai pas dans les détails du conflit entre gauche et droite qui a eu lieu à cette occasion.
Pour faire court, le Parti Socialiste de Madrid (PSM) avait annulé sa participation à la cérémonie pour protester contre la fermeture de l'enquête sur les affaires d'espionnage au sein du PP.
Disons simplement que la douce Esperanza a profité de l'occasion pour tailler un costume (bleu ou non) au PSM !
3 comentarios:
esperanza !!!! elle m'inspire !!!!et le bleu lui va comme un gant !! =)
Esperanza est un fille de famille riche,ellea derrière elle des siècles de générations habituées à donner des ordres sans être contredites. Elle a eu une éducation exquise qu'elle utilise pour renforcer les habitudes de femmes riches d'autrefois mais moins cultivées. C'est à dire, tant que riche et fille. petite fille et descendente de riches elle se sent supérieure à presque tout le monde (ça s'apprend dans les familles de riches sans se rendre compte) et c'est pour ça qu'elle parle et agit comme ses ancêtres se dirigeaint à leurs bonnes en leur montrant d'un doigt ou d'un simple courbement de sourcil le petit brin de poussière qu'elles , les bonnes, avaient oublié d'enlever ...
Merci Matilde pour ton éclairage d'enfant du pays et ton point de vue engagé.
J'essayais de comprendre ce qui me rend cette femme si antipathique, à présent j'ai une clé de compréhension, un contexte et une histoire sur lesquels je ne pouvais pas mettre le doigt.
Bonne semaine, sainte ou pas !
A bientôt !
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