domingo, 26 de abril de 2009

Sarkozy ou la dipomatie à la veille d'une visite en Espagne

De retour de vacances, j'apprends en une seule phrase les dernières péripéties franco-espagnoles : on me dit que Sarkozy a traité Zapatero d'imbécile et que Sainte Ségolène avait à nouveau fait le coup du "pardonne lui il ne sait pas ce qu'il fait" en notre nom à tous en présentant ses excuses au président du gouvernement espagnol pour ces insultes. (Même pas eu le temps d'avoir honte, que déjà j'étais excusée... quelle efficacité !)

A la veille de la visite d’Etat du président (hélas) des Français dans la capitale espagnole, une telle histoire m'a paru du meilleur effet, un vrai stimulant pour les relations franco-espagnoles.



Comme Nicolas Sarkozy sera en Espagne les 27 et 28 avril (demain donc), ça me paraissait assez peu subtil comme sortie ! Non pas qu'il nous ait habitués à des prouesses de finesse et de délicatesse, le nain à la talonnette aussi épaisse que son égo, mais de là à se mettre "son copain" à dos à 2 jours de sa visite, et risquer d'être reçu comme un chien dans un jeu de quilles, y a des limites.

Avec un peu de retard, j'ai donc cherché à en savoir plus sur cette histoire et comment cette sympathique remarque avait été prise ici. Petit compte-rendu :

"Zapatero n'est peut-être pas très intelligent, mais il gagne les élections"
Le 16 avril, Libération rapportait les propos que Sarkozy aurait tenu au cours d'un déjeuner avec des parlementaires à l'Elysée la veille, où il aurait sympathiquement taclé les autres grands (façon de parler) de ce monde, entre autres, Obama, Merkel et Zapatero.

Au milieu d'un numéro d'auto-congratulations, Sarkozy n'aurait pas caché son contentement, de voir Zapatero, pourtant socialiste, "s'inspirer de lui" pour supprimer la publicité à la télévision publique. Ce à quoi Emmanuelli aurait répondu "chez Zapatero, il y a à prendre et à laisser". Réplique de Sarkozy : "Il n’est peut être pas très intelligent, mais lui, au moins, il gagne les élections. J’en connais des beaucoup plus intelligents, qui n’ont pas été au second tour de la présidentielle."

Madame K2R en action
Ni une ni deux, Ségolène Royal, dont ça devient l'habitude, après avoir présenté ses excuses le 6 avril à Dakar pour les propos de Sarko sur l'homme africain, a envoyé un courrier pour s'excuser à Jose Luis Zapatero, pour ce qu'elle qualifie de «propos injurieux». J'aime beaucoup le surnom que lui a trouvé l'éditorialiste du Dauphiné Libéré à ce sujet : Ségo, c'est Madame K2R, qui efface toutes les souillures !

Les propos rapportés à Libération ont été démentis par l'Elysée. Vrais ou faux, injurieux ou élogieux, en Espagne les propos ont fait mal. Qu'un président étranger insulte l'un des plus hauts représentant de l'Espagne, ça n'a pas beaucoup plu. Malgré tout le mal qu'ont pu en dire les dirigeants du Partido Popular, Zapatero reste le chef du gouvernement.

Les réactions en Espagne : le PP s'emporte, Zapatero apaise
Selon le correspondant de Radio France à Madrid, "les propos attribués à Nicolas Sarkozy ont ému. Ils ont franchement vexé les gens, toutes tendances politiques confondues. La presse en a abondamment parlé, en regrettant, en dénonçant plutôt, de telles paroles blessantes à l’égard du Président du gouvernement d’un pays voisin et théoriquement ami!"

Responsable de la communication de l'opposition, Esteban González Pons a commencé par estimer que «Sarkozy pourrait avoir raison» avant de rectifier, précisant que «Zapatero est notre Président et, quoi qu'il arrive, s'il est attaqué de l'étranger, nous serons amené à le défendre».

Mathieu de Taillac journaliste français qui vit en Espagne, confirme sur slate.fr : les réactions ont été parfois plus violentes. "«Mais qu'est-ce que tu veux, le nain». La réplique de cour d'école n'est pas issue du Parti socialiste (PSOE) de Zapatero, mais des rangs même de l'opposition de droite, de la bouche du député européen du Parti Populaire (PP) Luis Herrero."

L'ensemble des réactions ont été d'autant plus vives que les Espagnols ne portent pas, historiquement, un grand amour à nos dirigeants, ni même aux Français en général. Nous sommes régulièrement accusés, de ce côté des Pyrénées, de suffisance, d'un complexe de supériorité et de condescendance à l'égard des Espagnols.

Quant à la sortie de Soeur Ségolène, elle n'a récolté qu'ironie ou indifférence.

Au final, le seul qui soit resté zen, c'est encore le plus directement concerné : Zapatero n’a pas voulu entrer dans la polémique. Il a déclaré au Monde «Je connais bien Nicolas Sarkozy. Il a toujours été généreux dans la relation, et élogieux. Il n’y a donc aucun problème. Cela n’appelle aucune explication avec moi».

Intelligent Jose Luis ?
Dans tous les cas, le président du gouvernement espagnol fait montre d’une sagesse, d’une retenue, dont certain(e)s feraient bien de s’inspirer !



Dans la presse espagnole :
- El periodico
- La vanguardia

Crédit photo : elperiodico / JUAN MANUEL PRATS

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