lunes, 2 de junio de 2014

Le Roi Juan Carlos I a abdiqué le 2 juin 2014

Le Roi Juan Carlos I a abdiqué aujourd'hui, lundi 2 juin 2014, au profit de son fils, Felipe, Prince d'Asturies. Mariano Rajoy, chef du gouvernement, a fait l'annonce de la décision du roi dans la matinée, et Juan Carlos s'est exprimé à la télévision et à la radio à 13 heures pour expliquer les raisons d'une décision qu'il dit "motivée par des raisons politiques et le besoin de renouveau  de l'Espagne".

http://s2.lemde.fr/image/2014/06/02/534x267/4430239_3_0845_le-prince-felipe-prendra-la-succession-de-son_36a53a128fc3af811ef43728df0108d7.jpg

Décidément!!!! la Roja qui remporte la coupe d'Europe, puis du monde, la crise économique du siècle, le mouvement des indignés du 15M, la fin du bipartisme, la démission du Pape (oops, je m'emballe...), j'ai été témoin en 6 ans en Espagne d'événements historiques sans précédents!

Evidemment, vu de France, la monarchie paraît un brin obsolète, et on pourrait ne voir dans ce roi qui abdique qu'une anedcote, une rémanence folklorique coûteuse au pire, un archaïsme au charme surrané et exotique au mieux.
 
Mais le départ de Juan Carlos est un événement important non seulement en raison du rôle qu'il a joué dans l'histoire de la démocratie espagnole, que même ses détracteurs reconnaissent comme fondamental, mais aussi de par les interrogations qu'il ouvre pour l'avenir de la monarchie dans une Espagne en crise.

Un symbole de stabilité et d'unité du "royaume d'Espagne" qui disparaît
Le Roi Juan Carlos I, arrivé sur le trône en 1975, à la mort de Franco qui l'avait désigné comme son successeur, a longtemps eu des partisans dans tous les camps politiques et dans toutes les couches de la population. On compte des "carlistas" (partisans de Juan Carlos) à droite bien sûr, mais aussi parmi à gauche, chez les Républicains(!) car beaucoup considèrent qu'il a agi, dans la transition démocratique, comme un rempart contre un coup d'état militaire et un retour de la dictature. Son rôle dans la crise du "23F" en 1981, tentative de putsch raté, qu'il a contribué à faire échouer en n'apportant pas son soutien aux putschistes, explique notamment sa popularité.

Une autre raison est qu'il a su trouver le ton juste dans son rôle de chef d'Etat: maniant l'humilité sans être dépourvu de ce qu'on pourrait appeler un certain "panache", à différents moments (cherchez par exemple "por qué no te callas" sur google, la phrase a fait son petit effet...) , assumant son rôle de représentation sans interférer dans les politiques menées par les gouvernements successifs, mais en assurant une place à l'Espagne dans le concert des Nations. La sympathie dont il a bénéficié viendrait aussi de son côté proche du peuple, paradoxalement. D'un côté, on ridiculise volontiers "los Borbones" (les Bourbons), de l'autre, on salue la simplicité bonhomme du roi.

La fin d'une ère, un changement... 
... de génération? 
Pourtant cette popularité s'est émoussée et l'abdication marque aussi la fin d'une ère, avec le départ d'un homme dont les frasques récentes (parties de chasse en Afrique et maîtresse connue de tous, installée sur la propriété du roi...) ont fait perdre une grande part du respect que les Espagnols portaient à la monarchie. Les affaires touchant son gendre, Urdangarin et sa fille, l'infante Cristina, ont contribué également à ouvrir une faille dans l'estime dont bénéficiait la famille royale.
Juan Carlos explique d'ailleurs son départ au nom du "renouveau" dont l'Espagne a besoin, et annonce qu'"une nouvelle génération est prête [...] pour affronter les défis de demain".
Son fils se prépare à affronter non seulement cette crise de désamour, mais aussi le possible éclatement de l'Espagne, avec les projets de la Communauté autonome de Catalogne de consulter les Catalans sur l'autonomie de leur région. 

"La révolution ne sera peut-être pas télévisée", mais l'abdication du roi a été twitée! 
La Casa Real a annoncé sur twitter l'abdication en images et aussitôt, les hashtags sur le départ du roi se sont multipliés, certains ironiques, d'autres respectueux. #Gracias Majestad, #el ReyAbdica...

... de régime ? 
Très vite, les twittos ont relayé l'information que 3 formations politiques de gauche appelaient à un référendum pour décider de la suite à donner à cette abdication. En principe, les textes prévoient qu'avec un Conseil des Ministres exceptionnel et une loi, la succession du Prince Felipe sur le trône soit assurée dans les semaines qui viennent. Mais Podemos, Izquierda Unida et Equo, partis de gauche et écologistes, réclament l'organisation d'un référendum pour en décider, souhaitant que le Prince Felipe se soumette à la volonté du peuple exprimée par les urnes.

Ce soir, la Puerta del Sol de Madrid est devenue une fois de plus l'épicentre des manifestations organisées dans toute l'Espagne par ceux qui réclament le changement : changement en faveur de la République et pour l'organisation d'un référendum pour que les Espagnols puissent décider s'ils veulent encore de la Monarchie. Les drapeaux de la République Espagnole (rouge,or et violet, drapeau de la IIe République, de 1931 à 1939) flottaient sur la place, tandis que les hashtags #IIIRepublica et "#AporlaTerceraRepublica sont devenus trending topics sur twitter!

Affaire à suivre! 

PS: Voir le photorama du figaro pour plus d'infos sur le règne de Juan Carlos Ie en images. 

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